DIRECTIVES NATIONALES DE LUTTE CONTRE LE PALUDISME

Le paludisme demeure un problème majeur de santé publique en Côte d?Ivoire. Des progrès importants dans la lutte contre cette maladie avaient été enregistrés au cours des années 2010 à 2016. Malgré les efforts consentis par l?Etat avec l?appui des partenaires techniques et financiers et de tous les acteurs de mise en oeuvre, la pandémie de la COVID-19 a impacté négativement la réalisation des activités de lutte ces dernières années. La hausse des cas de paludisme et des décès liés au paludisme dans le monde (241 millions de cas et 627 mille décès) n?a heureusement pas été observée en Côte d?Ivoire (en 2019, où le nombre de cas notifiés pour les années 2019 et 2020 ont été respectivement de 4,9 millions et le nombre de décès de 1316. Cette situation mondiale nous éloigne des objectifs de l?élimination du paludisme en 2030. Les acquis des stratégies de lutte doivent être conservés et capitalisés pour un accès universel au diagnostic et à la prise en charge rapide et efficace des cas, aux moyens de prévention par la MILDA dans les ménages et le traitement préventif intermittent chez les femmes enceintes et la mobilisation sociale en faveur de la lutte contre le paludisme. Dans ce contexte de remobilisation, le présent document fournit des directives claires sur le diagnostic, le traitement et la prévention du paludisme. Il aborde de façon spécifique les modalités de traitement du paludisme simple, du paludisme grave, les cas d?échec thérapeutique et le paludisme chez la femme enceinte et les groupes particuliers. Enfin il donne des orientations sur la prévention, la communication et la mobilisation sociale pour la lutte contre la maladie ainsi que des pistes de recherche opérationnelle. J?invite tous les acteurs de mise en oeuvre aux niveaux public, privé et communautaire ainsi que les partenaires à s?approprier ce guide, conçu de façon consensuelle par tous les acteurs de lutte, et à le mettre en application au bénéfice de la population. Je reste persuadé que, malgré les difficultés opérationnelles comme celles causées par la COVID-19, nous pouvons vaincre le paludisme et sauver la vie de nombreux enfants et de femmes enceintes, si tous les prestataires de santé, les partenaires techniques et financiers et les organisations de la société civile se mobilisent pour y parvenir.


Le paludisme constitue un véritable problème de santé publique en Côte d’Ivoire, de par sa fréquence, sa gravité et ses conséquences socioéconomiques importantes. 

En avril 2005, à la suite de l’observation de niveaux croissants de résistance de Plasmodium falciparum aux antipaludiques usuels notamment la chloroquine, la Côte d’Ivoire a adopté des directives avec un protocole de traitement de paludisme simple par les Combinaisons Thérapeutiques à base de dérivés d’Artémisinine (CTA). 

Durant la période 2016 – 2018, avant l’émergence de la pandémie à COVID-19, les progrès réalisés dans la lutte contre le paludisme stagnaient et l’atteinte des objectifs pour 2020 de la stratégie mondiale contre le paludisme de l’OMS semblait déjà compromise. 

La crise sanitaire mondiale de 2019 a accentué les difficultés avec pour conséquences 14 millions de cas de paludisme en plus en 2020 par rapport à 2019 (241 millions contre 227 millions) et 69 000 décès en plus en 2020 par rapport à 2019 (627 000 contre 558 000). Cette situation a perturbé considérablement la continuité des services de lutte contre le paludisme et le bon fonctionnement du système de santé. En Côte d’Ivoire, le nombre de cas notifiés en 2020 a été de 4,9 millions (moins 300 000 cas par rapport à 2019) et le nombre de décès 1 316. (Moins 500 par rapport à 2019). 

En 2017, dans le cadre de la revue de performance du programme de lutte contre le paludisme, Le Document de politique et les Directives nationales de prise en charge du paludisme ont été révisés. 

Toutefois, les évaluations de terrain réalisées en 2019-2020 ont montré des insuffisances dans l’application des directives de prise en charge du paludisme. De plus, les avancées scientifiques et les nouvelles recommandations internationales imposaient la mise à jour des stratégies de lutte contre le paludisme. 

Vu ces défis et surtout l’urgence de la remobilisation des partenaires et des acteurs à différents niveaux pour l’atteinte effective de l’élimination en 2030, le PNLP a décidé en 2021 de la révision de la politique de lutte en Côte d’Ivoire et l’élaboration d’un nouveau guide de prise en charge du paludisme. 

Le présent guide, qui s’adresse principalement aux prestataires de soins dans les structures sanitaires publiques, privées et dans la communauté, décrit les orientations visant à renforcer et harmoniser les capacités sur le diagnostic, le traitement, la gestion des échecs thérapeutiques, la notification des cas, la prévention, la communication pour le changement social et comportemental (CCSC) et la recherche opérationnelle.